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[Texte/Vidéo] Ma mère est plus écolo que vos COP !

stuut.info · 24 min


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L’écologie dominante : blanche, bourgeoise et amnésique

Face à cela, l’écologie occidentale dominante, institutionnelle, peine à se remettre en question. Elle se veut morale, universelle, technique, mais elle reste souvent aveugle aux rapports de domination.

Qui parle dans les conférences sur le climat  ?
Qui négocie dans les COP  ?
Qui définit ce qu’est une solution acceptable ou souhaitable  ?
Ce sont des experts, des diplomates, des ingénieurs du Nord, des ONG bien financées.
Mais où sont les peuples  ? Où sont les sans-papiers, les ouvriers, les femmes racialisées, les paysans sans terre  ? Où sont les survivant·es des colonies  ?

Dans les grandes conférences climatiques, on n’en parle jamais.
On parle de quotas carbones, de mobilité verte, d’économie circulaire.
Mais jamais des mines de cobalt du Congo.
Jamais des pipelines en Ouganda.
Jamais de la pollution des guerres en Afghanistan, en Irak, en Libye.
Jamais des bombes, des drones, des bases militaires occidentales qui ravagent les sols, empoisonnent les nappes phréatiques, détruisent les écosystèmes humains et non-humains.

Soyons clairs : l’écologie telle qu’on nous la vend aujourd’hui est coloniale

Elle nous explique qu’il faut trier ses déchets, manger bio, rouler à vélo.
Mais elle ne dit rien sur les responsabilités historiques.
Elle ne dit rien sur les 500 ans de pillage et de pollution coloniale.
Elle ne dit rien sur les crimes environnementaux de l’OTAN ou des multinationales.
Elle ne dit rien sur le fait que les pays les plus riches sont responsables de 92 % des émissions historiques de CO₂.

Et surtout, elle ose nous faire la leçon.

À nous. À nos mères.
Comme si c’étaient elles qui avaient détruit la planète.

Moi, permettez-moi de vous dire ceci : mon modèle écologique, c’est ma mère.

Ma mère, ce n’est pas Greta. C’est Mimouna.
C’est une femme marocaine, musulmane, analphabète mais savante. Elle a fait de l’écologie sans le savoir.

Ma mère, qui a élevé six enfants sans gaspiller.
Ma mère, qui a cuisiné pour huit, dix, pour douze, pour quatorze si besoin, toujours dans la dignité, jamais dans l’excès.
Ma mère, qui a récupéré les vêtements de mes grands frères pour m’habiller.
Ma mère, qui a réparé, cousu, lavé, recousu encore.
Ma mère, qui faisait de l’écologie sans jamais l’appeler comme ça.
Ma mère, qui pratiquait la sobriété, la solidarité, la décence, pas par mode, mais par nécessité.
Ma mère, elle a fait de la décroissance avant qu’on invente le mot.
Ma mère, elle a pratiqué l’économie circulaire sans subvention, sans conférence COP, sans ONG.
Ma mère sait que le gaspillage est une ingratitude envers la terre… et envers Allah.

Et qu’on ne vienne pas lui expliquer aujourd’hui, avec un air condescendant de petit écolo bobo, que pour sauver la planète il faut trier ses ordures et rouler à vélo.
Ma mère n’a pas pollué le monde.
Ma mère n’a pas bombardé l’Irak.
Ma mère n’a pas financé des guerres en Afrique.
Ma mère n’a pas participé à la destruction du climat.
Elle a résisté. Elle a soigné. Elle a fait avec peu.

Ma mère est plus écolo que tous les sommets climatiques. Et jamais on ne la consulte. Jamais on ne reconnaît les savoirs des femmes du Sud global.

Alors oui, mon écologie vient d’elle. Elle vient de ces femmes racialisées, musulmanes, modestes, invisibles, qui depuis toujours pratiquent une écologie du soin et du partage.

Alors… que peut l’écologie décoloniale  ? Que peut-elle face à un monde ravagé par l’extractivisme, le racisme et la dépossession  ?

D’abord, elle peut nommer le système : capitalisme, impérialisme, patriarcat, suprématie blanche.

Elle peut raconter une autre histoire. Elle peut rappeler que les savoirs écologiques n’ont pas été inventés à Paris ou à Genève. Que les peuples indigènes, africains, asiatiques, arabes ont toujours vécu dans des rapports de soin, d’interdépendance et de respect avec leur environnement. Que les ancêtres savaient. Et que ces savoirs ont été piétinés, moqués, exterminés.

Alors la question n’est plus : « Comment sauver la planète  ? »
Mais : « Comment se sauver de ce système qui tue les vivants depuis 500 ans  ? »

Une écologie indifférente à Gaza est une écologie coloniale

On nous parle de justice climatique. De sauver la planète. D’assurer un avenir à nos enfants. Mais quel avenir peut-on prétendre construire si l’on accepte l’extermination d’un peuple en direct, filmée, documentée, et normalisée  ?

Quel sens cela a-t-il de parler d’écologie en oubliant que Gaza est l’endroit le plus pollué de la Méditerranée parce que ses stations d’épuration sont détruites, son eau imbuvable, son sol saturé de bombes et de toxines  ?

Quel sens cela a-t-il de parler de justice climatique sans nommer qu’Israël utilise la destruction de l’environnement comme une arme de guerre, rasant les terres agricoles palestiniennes, brûlant les oliveraies, bombardant les infrastructures vitales  ?