Problématique
L’étude cherche à comprendre comment la pandémie de COVID-19 a influencé les tendances temporelles des tentatives de suicide chez les enfants de moins de 15 ans à Paris.
Les auteurs observent une hausse mondiale des troubles mentaux chez les jeunes depuis 2020, et souhaitent déterminer si cette évolution s’accompagne d’une augmentation significative des tentatives de suicide, en corrigeant les effets saisonniers et les tendances annuelles.
Méthodologie
- Type d’étude : Étude transversale, basée sur des données de surveillance collectées entre janvier 2010 et avril 2021 à l’hôpital Robert Debré (Paris).
- Population : 830 enfants âgés de 15 ans ou moins, ayant été admis aux urgences pédiatriques pour tentative de suicide.
- Analyse : Décomposition saisonnière et de tendance à l’aide de la méthode LOESS STL (Seasonal and Trend decomposition using LOESS) sur les séries temporelles bimestrielles.
- Variables : Nombre de tentatives de suicide (excluant les décès), ajusté selon la saisonnalité et la tendance à long terme.
Résultats
- Une diminution des tentatives de suicide a été observée pendant le premier confinement (mars–avril 2020), passant de 12,2 à 7,8 cas (−36 %).
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Une augmentation importante est ensuite apparue :
- +116 % entre septembre et octobre 2020,
- +299 % entre novembre et décembre 2020.
- Cette dynamique anormale est indépendante de la saisonnalité et de la tendance décennale.
Conclusions
- Depuis 2010, les tentatives de suicide chez les enfants augmentent déjà, mais la pandémie a provoqué une accélération dramatique de cette tendance à partir de la fin de 2020.
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Plusieurs facteurs sont évoqués :
- Sensibilité des enfants aux mesures de confinement,
- Détérioration des conditions familiales et économiques,
- Augmentation du temps d’écran et dépendance aux réseaux sociaux,
- Deuils familiaux.
- Les auteurs insistent sur la nécessité urgente de stratégies de prévention et d’intervention fondées sur des preuves, pour contrer cette hausse pendant et après la pandémie.