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Thématique principale

L'étude porte sur la relation entre l'être humain et la nature, en particulier la connexion à la nature, comme moteur des comportements pro-environnementaux et du bien-être humain.

Face aux changements environnementaux mondiaux, l'urbanisation érode cette connexion à la nature. L'étude explore comment l'urbanisation et le déficit de transmission intergénérationnelle, ont altéré ce lien à la nature au fil du temps. Elle s'inscrit dans le cadre du concept d'« extinction de l'expérience », qui décrit le cycle de réduction de l'exposition à la nature et de l'affaiblissement de l'affinité pour elle.

Méthodologie

L'étude utilise un nouveau modèle hybride basé sur des agents (ABM). Ce modèle simule les interactions dynamiques et complexes entre des agents (individus) et leur environnement (urbain ou naturel), ainsi qu'entre d'autres agents (parents et enfants).

  • Période de simulation : Le modèle simule les tendances historiques de 1800 à 2020 et projette des scénarios jusqu'à 2125.

  • Intégration des données :

    • Il intègre les niveaux historiques d'urbanisation aux États-Unis (de 7,3 % en 1810 à 82,7 % en 2020).
    • La connexion à la nature est mesurée historiquement à l'aide d'un indicateur dérivé de la fréquence d'utilisation de mots liés à la nature dans des produits culturels (comme les livres via Google Ngram Viewer).
  • Mécanismes modélisés :

    • Un cycle de « durée de vie » où la disponibilité de la nature locale influence le lien à la nature d'un individu, par son attention dynamique aux éléments naturels.
    • Une boucle de transmission « intergénérationnelle » où le lien à la nature des parents et la nature locale façonnent le lien à la nature de l'enfant à la naissance. La prise en compte de l'héritage du lien à la nature des enfants est faite via une combinaison pondérée du lien à la nature de leurs parents et de l'influence de l'environnement local.
  • Environnement : Représenté par une grille de 40x40 cellules, évoluant avec l'expansion urbaine et la dégradation de la nature.

  • Calibration et validation : Le modèle a été calibré pour minimiser l'erreur quadratique moyenne (RMSE).

  • Analyse de sensibilité : Une analyse « un facteur à la fois » (OFAT) a été utilisée pour isoler l'effet de chaque paramètre clé (saturation, pondération parentale, nombre initial de familles, seuil de perte de lien) sur les résultats du modèle.

  • Scénarios futurs : Trois groupes de stratégies d'intervention ont été testés jusqu'en 2125, y compris l'augmentation du lien à la nature chez l'enfant, l'augmentation de l'accès à la nature, et l'augmentation de l'attention à la nature.

Résultats
Les résultats sont organisés autour de trois questions de recherche :

  • RQ1 : Le modèle ABM peut-il reproduire l'évolution du lien à la nature de 1800 à 2020 ?

    • Le modèle a réussi à simuler un déclin significatif du lien à la nature, avec un excellent ajustement aux données cibles.
    • La baisse modélisée (61,5 %) a légèrement dépassé la tendance cible (maximum de 60,58 % en 1990) et n'a pas capturé la légère remontée observée en 2020 (à 52,39 %).
    • L'urbanisation et la dégradation de la nature correspondent aux données historiques, validant la dynamique environnementale du modèle.
  • RQ2 : Quel rôle joue la transmission intergénérationnelle ?

    • La transmission intergénérationnelle est apparue comme le moteur dominant du déclin historique du lien à la nature.
    • L'influence familiale apparaît comme élément déterminant, plus que l'influence environnementale.
  • RQ3 : Quelle est la trajectoire projetée de la connexion à la nature d'ici à 2125 ?

    • Les projections ont révélé trois groupes distincts de trajectoires :
      • Déclin continu : Des interventions de faible niveau (par exemple, 50 % ou 100 % d'augmentation de l'accès à la nature) se sont avérées insuffisantes pour inverser la tendance historique.
      • Stabilisation : Le déclin est stoppé, mais non inversé (par exemple, l'intervention axée sur l'enfant seul, ou une augmentation de 1000 % de l'accès à la nature seule ou combinée avec une augmentation de 300 % de l'attention).
      • Changement transformateur : Une augmentation de 1000 % de l'accès à la nature combinée à une intervention axée sur l'enfant (c'est-à-dire l'augmentation de 30 % du lien à la nature de l'enfant) a entraîné une augmentation substantielle et autonome après 2050. Cela démontre que le cadre d'extinction de l'expérience intergénérationnelle peut fonctionner comme un cycle vertueux si positivement renforcé.

Conclusion

L'étude conclut que le modèle ABM met en lumière le déclin profond de la connexion à la nature de 1800 à 2020, principalement alimenté par l'urbanisation, la dégradation environnementale et la transmission intergénérationnelle du cycle d'extinction de l'expérience. Les projections jusqu'en 2125 indiquent une déconnexion persistante jusqu'en 2050, suggérant un point de bascule socio-écologique « verrouillé ».

L'étude souligne le rôle dominant de la transmission intergénérationnelle dans ce déclin, ce qui met en évidence l'importance des interventions axées sur la petite enfance et la famille. La récupération est lente et prend des décennies, même après des interventions majeures, ce qui souligne la nécessité d'une action urgente et soutenue. Le succès du modèle à reproduire les tendances historiques de l'utilisation des mots liés à la nature, malgré l'incertitude des données linguistiques, valide sa capacité à saisir les dynamiques socio-écologiques sous-jacentes à la déconnexion humain-nature.

En conséquence, l'étude préconise des politiques transformatrices pour briser le cycle de dé-liaison, notamment en intégrant le lien à la nature dans l'éducation et la planification urbaine. Les recommandations clés incluent le renforcement de la transmission intergénérationnelle (programmes d'engagement parental, curriculum scolaire), la transformation de l'aménagement urbain et de l'accès à la nature (espaces verts de haute qualité, intégration de la nature dans l'espace public), la mise en œuvre d'une gouvernance adaptative et le suivi à long terme du lien à la nature.

Pour inverser ce déclin, une transformation à grande échelle, comme une multiplication par dix de la disponibilité de la nature et des efforts axés sur l'engagement familial, est jugée nécessaire.