Ce socle est fondé par des valeurs éthiques, culturelles et sociales du territoire, révélées à travers la mise en récits de son histoire et de celle de ses habitants. Associées à un travail des mémoires et à des efforts de mise en trajectoire, tout cela fait apparaître « une vision », un projet commun de développement qui révèle le sens de l'action de chacun et que l'action de chacun contribue à alimenter.
Comme les fondations d’une maison, ce travail mémoriel et narratif permet d’asseoir, en créant les conditions d’apparition des leaderships et d’une organisation collective de portage dans le temps, 4 piliers qui sont les principaux leviers d'action dans la conduite du changement :
- L’implication des habitants, des acteurs dans la coproduction de la ville : c’est le concept d’habitant-acteur. Chacun est appelé à contribuer à l’élaboration de l’action publique locale. Et
l’action publique locale est appelée à être gouvernée comme un « commun » dont la Municipalité n’a pas le monopole bien qu’elle joue, comme d’autres, un rôle déterminant. - Une pensée et une action « systémique » : il s’agit d’intégrer toutes les dimensions du développement durable (culture, lien social, économie, milieu naturel...) dans le but de préserver
les ressources naturelles, de protéger les biens communs et de mieux partager et distribuer la richesse. La ville se pense et se conçoit comme un ensemble, comme un système ouvert, inclusif
et apprenant. Le fait d’impliquer les citoyens contribue à mettre en place une organisation de travail plus transversale, à remettre en question un fonctionnement « en silos », trop pyramidal
et hiérarchisé. Cela incite les acteurs institutionnels à se parler, à régler en amont les questions de répartition des compétences, d’identification du service ou de l’institution responsable, pour
proposer aux habitants une réponse « intégrée », complète et exhaustive, à leurs problèmes. Au sein de la mairie, chacun voit alors son travail et son périmètre d’action se modifier, ses missions se déplaçant parfois sur des domaines qui, autrement, n’auraient pas relevé de sa responsabilité.
Cela vient progressivement renforcer les capacités de coopération au sein des équipes et créer une capacité collective à intégrer des enjeux qui peuvent sembler contradictoires de prime abord. Cela apporte en outre du sens au travail et une reconnaissance de l’expertise de chacun.
Mais cela peut également générer de l’insécurité pour qui n’est pas préparé, voire une certaine nostalgie vis-à-vis d’un modèle plus vertical, plus intelligible et conforme à des habitudes de
travail prises depuis longtemps. - L’innovation et le mode projet avec « le réel » comme porte d’entrée : l’innovation sociale est appliquée au réel en partant des besoins véritables des habitants. Ces besoins peuvent être
exprimés explicitement, ce qui est idéal, mais ils peuvent également être perçus de manière plus implicite et repérés par des signaux faibles. Ces besoins doivent ensuite être qualifiés et précisés, ce qui requiert du temps de préparation. L’enjeu est de les prendre en charge tels qu’ils sont exprimés, sans a priori, sans en avoir une idée préconçue. Impliquer les citoyens nécessite de chercher dans le réel le « grain à moudre », la matière pour mener des projets en adéquation avec les nécessités concrètes de la population, car une vision, aussi désirable soit-elle, doit se confronter à la réalité et à la complexité de la mise en œuvre opérationnelle. De ce constat, la
mairie a progressivement tiré la conclusion que la connaissance provient d’abord de l’expérience du réel et donc de l’action. Cette dimension laisse donc une place importante à
l’expérimentation, au droit à l’erreur, aux processus collectifs d’apprentissage, aux retours sur expérience et à l’évaluation des mesures proposées. Un référentiel, document particulièrement
conceptuel, doit avant tout aider au passage à l’action et c’est bien l’ambition du présent document. - Enfin, l’étoile et les cailloux blancs : ce dernier pilier propose une vision plus poétique de la conduite du changement. Cette « poétique du changement », chère à Edouard Glissant, est
clairement revendiquée par Jean-François Caron dont l’approche consiste aussi à « conduire la transition par le rêve, l’étoile », à susciter le désir d’agir en proposant un projet collectif
susceptible de faire rêver les gens et auquel chacun peut contribuer et s’identifier. Mais cela ne suffit pas, car il est également essentiel de baliser le chemin parcouru de réalisations concrètes, de petites victoires qui sont autant de « cailloux blancs » permettant de rendre visibles les résultats obtenus et d’indiquer la direction à suivre
Cette « méthode » aboutit à des résultats thématiques qui touchent de nombreux secteurs du développement durable : transition énergétique, système alimentaire, biodiversité, éco-construction, action sociale, développement économique… Mais aussi des résultats systémiques, des résultats d’ensemble. Elle permet notamment de générer des externalités positives, c’est-à-dire des effets indirects, inattendus et bénéfiques. Ces effets sont multiples (confiance, bien-être, augmentation du pouvoir d’agir, prise de risque collective, plus forte capacité de mobilisation, bénévolat) et constituent un patrimoine collectif immatériel qui renforce l’action publique. Et des mots des Loossois, cela fait de Loos-en-Gohelle une « ville où l’on se sent bien, qui bouge, où l’on fait les choses ensemble » comme le reformulent généralement les Loossois impliqués dans la vie de la commune