- 85% des Français s’inquiètent du changement climatique et de la dégradation de l’environnement
- L’environnement et le changement climatique est la 4ème préoccupation des Français, derrière les préoccupations du moment : le pouvoir d’achat, les tensions internationales et la santé. Depuis plusieurs années, l’environnement et le changement climatique se maintiennent dans le trio de tête des priorités pour la France pour environ 30% des Français.
- Pour 70% des Français, notre modèle économique actuel est incompatible avec la lutte contre le changement climatique.
- 73% des Français jugent la sobriété souhaitable pour lutter contre le changement climatique, et 72% veulent en faire davantage au quotidien dans cette lutte.
- 45% La question du pouvoir d’achat constitue un enjeu à concilier avec la transition écologique : s’ils devaient choisir, 45% des Français pensent que la question du coût de la vie doit être traitée en priorité, quitte à avancer moins vite sur l’écologie.
- 52% des Français pourraient se mobiliser davantage dans la lutte contre le changement climatique s’ils savaient que leur action permettait de protéger les conditions de vie et la santé de leurs enfants, et 46% si elle permettait de préserver les sites naturels et la beauté de la nature.
- 30% des Français ne se sentent pas à leur place dans le mouvement en faveur de l’environnement

lesfrancaisparlentclimat.org · 14 min
Added by Maïtané
L’âge, le lieu de vie, la catégorie socioprofessionnelle et le genre n’ont pas d’incidence déterminante sur la propension des Français à placer le sujet du climat parmi leurs priorités. De la même façon, l’existence d’une « génération climat » fortement mobilisée ne doit pas occulter le fait que les générations antérieures sont tout aussi inquiètes et impliquées lorsqu’il s’agit du climat. De tous les facteurs socio-démographiques classiques examinés, c’est l’autopositionnement politique (gauche/droite) qui influe le plus sur les opinions et comportements relatifs au climat
Deux motivations à agir en faveur du climat se dégagent clairement dans la France de 2022 : l’envie de protéger ses enfants et celle de préserver la beauté des paysages et sites naturels.
À l’inverse, il existe des leviers de démobilisation: 40% de Français jugent ainsi manquer d’information sur ce qu’ils peuvent faire en faveur du climat au quotidien ; d’autres manquent d’argent ou de temps, et 65% ont l’impression de se trouver face à des exigences inconciliables dans leurs choix du quotidien.
Si on n’y prend pas garde, des politiques climatiques ambitieuses pourraient faire naître une opposition d’une partie de la société. En effet, 20% des personnes interrogées déclarent faire déjà le maximum en faveur de l’environnement et ne pas pouvoir faire plus, 25% ne sont pas prêtes à sacrifier leur liberté de choix au nom de l’environnement, et 20% continuent de penser que le changement climatique est un phénomène naturel comme il en a toujours existé. Enfin, 30% ont le sentiment de ne pas avoir leur place dans le mouvement en faveur de l’écologie.
Au total, 57% des répondants sont concernés par l’un des points d’opposition mentionnés. Un enjeu de taille donc !
- L’analyse par la psychologie sociale, un apport essentiel pour mieux communiquer et engager
• Parlons Climat s’appuie sur la méthodologie développée par le laboratoire d’idées et d’actions Destin Commun, dans son étude de référence « La France en quête ». L’analyse des fondements moraux (équité, autorité, loyauté, bienveillance,
pureté...), des appartenances de groupes et des orientations psychologiques permet d’appréhender l’opinion de la société française en tenant compte des différents systèmes de valeurs, et d’identifier les lignes de divisions mais aussi de
consensus. Face aux limites de l’analyse socio-démographique de l’opinion, cette approche apporte une lecture de la société renouvelée et complémentaire. Six familles homogènes de valeurs et d’opinion ont été identifiées au sein de la
société française. Nous avons analysé le rapport des Français à l’environnement et à la crise climatique à la lumière de ces segments de valeurs.
L’analyse par famille de valeurs a un autre objectif : définir des messages et actions plus à même de convaincre et d’engager chaque segment. Elle permet également d’identifier plus nettement les lignes de convergence entre différents groupes. Un enjeu essentiel au regard de l’objectif de Parlons Climat : augmenter la base de soutien à des politiques environnementales et climatiques ambitieuses, en évitant le piège de la polarisation et des batailles culturelles.
2. Une priorisation variable des enjeux environnementaux et climatiques
Cette analyse permet également de mettre en lumière les points de convergence,
malgré les différences d’opinions et de valeurs de ces six segments. On voit entre
autres que :
- Le pouvoir d’achat est une préoccupation qui réunit tous les segments de valeurs.
- La protection des conditions de vie et de la santé des enfants ainsi que la
préservation des sites naturels et de la beauté de la nature sont des vecteurs de
mobilisation au sein de la société. - Pour toutes les familles de valeurs, la multiplication des catastrophes météorologiques
est la première source d’inquiétude liée à la dégradation de l’environnement et à
la crise climatique. - Les six familles de valeurs partagent une même envie d’en faire plus.
Bien sûr des différences existent et ressortent nettement, sur le type d’actions
individuelles plébiscitées, la place du collectif ou encore le rapport au modèle
économique actuel.
A aller voir, les portraits-robots de chaque famille de valeurs :
- Les Militants Désabusés
- Les Stabilisateurs
- Les Libéraux Optimistes
- Les Attentistes
- Les Laissés pour compte
- Les Identitaires
Ajout issus de l'étude complète ci-dessous
Contrairement à ce que je crois/croyais, l'étude affirme que les français sont préoccupés par la crise climatique et aspirent à agir pour améliorer les choses.
La recherche, comme nos résultats, nous disent que la transition et les mesures qu’elle nécessitera, pour être acceptables, devront être justes, efficaces, et démocratiques.
Comment construire une acceptation et une adhésion sincère à cette transition au sein de l’ensemble de la société ? En engageant méthodiquement chacune de ses composantes dans le combat pour relever le défi climatique. Pour ce faire, il est nécessaire de
- construire une analyse partagée de la situation,
- puis de proposer des leviers concrets pour embarquer dans la transition écologique chaque groupe d’opinion, en se fondant sur
- leurs valeurs ,
- leurs réalités,
- leurs visions du monde,
- sans jamais oublier leurs autres préoccupations
du quotidien.
» Par contraste, et d’autres études l’ont déjà démontré, les 18-34 ans ne sont pas
nécessairement ceux qui déclarent le plus d’actions individuelles, quotidiennes, liées
à leur mode de vie. Deux exemples sont marquants et viennent déconstruire certains
clichés
-
Ils sont significativement moins nombreux que les seniors à limiter fortement
leur consommation de viande : 44%, contre 56% des plus de 65 ans -
Ils sont 45% à déclarer ne pas prendre l’avion pour se déplacer, contre 56% des
plus de 65 ans.
Transparaissent ici des modes de vie différents, plus ou moins sédentaires, mais dont l’impact n’est pas sans conséquence sur le climat. Un
rappel que pour chaque action, le changement et l’effort nécessaire est variable au regard du mode de vie initial
La croyance que des avancées technologiques permettront de résoudre le problème du changement climatique est moins présente chez les 65 ans et plus : ils sont 20% à le penser, contre 21% en moyenne et 29% chez les 18-34 an
Autre point notable, les plus âgés soutiennent dans des proportions plus importantes la nécessité de changer de système et de modèle économique. Les 65 ans et plus sont ainsi 72% à considérer le modèle économique actuel comme n’étant pas compatible avec la préservation de l’environnement et la lutte contre le changement climatique, contre 61% des 18-34 ans
Changer de système est donc loin d’être l’apanage d’une seule « génération climat » mais bien une aspiration intergénérationnelle
» Enfin, l’appétence pour une transformation radicale de nos modes de vie est partagée par toutes les générations : les 18-34 ans sont 58% à reconnaître la nécessité d’un changement radical de nos modes de vie pour protéger l’environnement, 57% pour les 50-64 ans et encore 53% chez les plus de 65 ans. La radicalité est, elle-aussi, intergénérationnelle et non l’apanage des plus jeunes.
Mais quid des autres critères socio- démographiques souvent invoqués ?
- Sachez que le genre n’exerce aucune influence sur la priorité accordée au climat : 31% des hommes et 32% des femmes placent le climat parmi leurs trois priorités.
- Autre point crucial, qui vient contredire des clichés bien ancré dans les imaginaires :
le lieu de vie (grande agglomération, milieu rural, agglomération parisienne…) n’a pas d’incidence significative sur la propension à placer le climat parmi les trois priorités de tête. Le clivage ruraux vs. urbains sur cette question est une idée reçue qu’il faut arrêter d’invoquer. - Autre idée parfois véhiculée qui ne se constate pas dans l’opinion française : le type
de logement habité (appartement, maison individuelle) et le statut d’occupation
(locataire ou propriétaire) n’ont pas d’influence. Les habitants de pavillons individuels ne se montrent pas moins attachés à la lutte contre la crise climatique que les habitants de logements collectifs. La France des barbecues et des jardins
n’est donc pas moins sensible à cette question.
- La catégorie socioprofessionnelle exerce une influence significative sur le rapport à la question climatique. Les cadres et professions intermédiaires (CSP+) sont 32% à placer l’environnement et le climat parmi leurs trois priorités, contre 25% des ouvriers et employés (CSP-).
- Le niveau de diplôme exerce une influence très significative sur le rapport à l’environnement et au climat : 22% des personnes interrogées qui ont un niveau inférieur au bac font du climat l’une de leurs trois priorités, contre 38% des diplômés du supérieur et 31 % en moyenne. A noter que cet effet est renforcé par un effet d’âge, les personnes plus âgées étant également moins diplômées que les plus jeunes.
De tous les facteurs considérés, c‘est finalement l’autopositionnement politique qui est le plus correlé à la priorisation du climat, mais aussi sur de nombreuses autres réponses relatives au soutien à des politiques climatiques fortes. N’en déplaise aux chantres du dépassement des clivages traditionnels, l’autopositionnement
politique sur le spectre droite-gauche est, de très loin, le facteur déterminant dans la priorité accordée au climat. C’est même assez spectaculaire. On vous explique.
-
À gauche, 46% des personnes mettent le climat dans le top 3 de leurs priorités pour la France; à droite, c’est 21%, soit moitié moins ! C’est l’exact miroir du différentiel qui existe sur la question de l’insécurité, qui constitue une priorité pour
39% des sympathisants de droite contre 13% de ceux de la gauche. Le climat serait-il
aujourd’hui à la gauche ce que l’insécurité est à la droite ? Oui, à la différence près que le changement climatique, sans être une priorité, inquiète quasi unanimement les personnes de droite, comme nous y reviendrons. -
Pourquoi un tel différentiel ? On voit, entre autres choses, une corrélation avec le fait que les répondants se positionnant à droite ont beaucoup plus tendance à penser que le changement climatique est un phénomène naturel (27%, contre 10% à gauche) , mais aussi de s’en remettre au techno-solutionnisme. 30% des électeurs de droite pensent qu’il n’est pas utile de changer notre mode de vie car la technologie suffira à résoudre le problème : c’est deux fois plus qu’à gauche (15%).
Le clivage est tout aussi frappant sur le nucléaire, avec un différentiel gauche-droite extrême, de 30 points ! 71% des répondants se positionnant à droite pensent ainsi qu’il faut le développer si l’on veut agir rapidement contre le changement
climatique, contre 41% à gauche.
(…)
- Mais ce dernier constat est à retenir : la moitié des Français de droite (51%) pense qu’un changement radical de nos modes de vie est nécessaire. Un chiffre qui nous amène à un autre constat clair…
Et, à rebours d’un cliché répandu qui opposerait gauche végétarienne et droite carnivore, 60% des Français de droite limitent fortement leur consommation de viande ou y seraient prêt.
Qui pour entraîner le pays dans ce changement radical ? Certainement pas la classe politique, plus désacralisée que jamais : alors qu’elles sont 69% à répondre que notre modèle économique n’est pas vraiment ou pas du tout compatible avec la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique, seules 50% des personnes interrogées aimeraient que les responsables politiques prennent des mesures fortes en matière de lutte contre le changement climatique. Un constat qui s’explique, entre autres, par le fait que pour 45% des sondés, les membres du gouvernement sont parmi les acteurs auxquels ils font le moins confiance pour fournir des informations fiables sur les sujets importants.
Plus surprenant encore : une large majorité des Français est séduite par la sobriété. 73% des personnes interrogées la jugent souhaitable pour lutter contre le changement climatique.
II. Quelles incitations à la mobilisation… ou à la démobilisation ?
46% des Français se mobiliseraient davantage s’ils savaient que leur action permet de préserver les sites naturels et la beauté de la nature, une source de motivation qui devance même la préservation de l’espèce humaine (42%)
En bas de la liste : le soutien à l’activité économique en France (20%), l’aspiration
à créer des emplois (19%) ou encore le souhait de protéger son confort et son mode
de vie (17%), autant de facteurs au pouvoir mobilisateur beaucoup plus faible
57% disent consommer uniquement des fruits et légumes locaux et de saison (même si cela réduit leurs choix), et 31% ne le font pas encore mais s’y disent prêts
Les Français aux fins de mois difficiles s’intéressent presque autant que les autres à la question climatique : ils sont 27% à dire que l’environnement est l’un des sujets qui les préoccupent le plus quand ils pensent à la situation du pays, contre 36% pour ceux qui n’ont pas de difficultés, et 31% en moyenne. (…) Ils sont d’ailleurs tout aussi inquiets que la société dans son ensemble face à la dégradation de l’environnement : 48% disent ressentir « beaucoup » d’inquiétude et 37% une inquiétude « moyenne », des chiffres identiques à la moyenne.
(…)
De la même façon, leurs fins de mois difficiles ne les empêchent pas d’être prêts à consentir des efforts financiers pour lutter contre le changement climatique :
44% sont disposés à recourir aux énergies renouvelables, même si cela coûte plus
cher (contre 47% en moyenne) et 35% à ne plus acheter de produits fabriqués dans des pays lointains, même s’ils sont moins chers (chiffre identique à la moyenne)
Quatre viviers de contestation potentielle
- Près de 20% des sondés déclarent faire déjà le maximum en faveur de l’environnement et ne pas pouvoir faire plus
Notons aussi que cette réticence est plus marquée chez les seniors : 27% disent faire déjà le maximum ; la différence est frappante avec les 18-34 ans, qui ne sont que 12% à en dire autant. Elle s’explique certainement par le fait que les
seniors ont le sentiment d’avoir déjà beaucoup modifié leurs modes de vie pour tenir compte de la question climatique, tandis que les jeunes (précisément parce qu’ils sont plus jeunes !) ont depuis toujours été sensibilisés et habitués à des
comportements plus écologiques (tri, économies d’énergie…) et ont donc moins l’impression d’avoir dû faire des renoncements.
-
Autre ferment de division : une part significative des Français (25%) pense qu’il faut d’abord que les choix individuels soient préservés, y compris aux dépens des enjeux collectifs liés à l’environnement. Pour eux, il est inimaginable de
limiter leur liberté de circuler et de choisir parmi un large éventail de produits de consommation. Un marqueur idéologique fort, ancré dans l’idée qu’ils se font des rôles de l’individu et du collectif dans une société, et qui pourrait bien devenir
un frein à la transition écologique. -
N’oublions pas non plus ces 19% de Français qui restent convaincus que le changement climatique est un phénomène naturel comme il en a toujours
existé. Chez les électeurs de droite, la proportion monte à 27%. Ce chiffre a lui aussi valeur de mise en garde pour qui voudrait les mobiliser face à la crise climatique : après tout, pourquoi tenter d’enrayer un phénomène naturel ? On
remarque dans notre enquête que ces personnes sont beaucoup moins en soutien de politiques climatiques ambitieuses. -
Enfin, 30% des Français ont le sentiment de ne pas avoir leur place dans le mouvement en faveur de l’environnement et de la lutte contre le changement climatique. C’est davantage le cas chez ceux qui rencontrent des difficultés financières (38%, contre 30% en moyenne) et chez les jeunes (37% des 18-34 ans)