Skip to main content
Le Guide de l'organisation collective - Organisez-vous !

organisez-vous.org · 51 min

Dans ce contexte, d’autres ingrédients peuvent alors venir enrichir la définition du community organizing. L’organisatrice Tara Dickman, fondatrice du Next Level, insiste notamment sur :

  • La complémentarité des rôles : dans une démarche d’organizing, les militant·es forment une équipe structurée au sein de laquelle les rôles sont répartis avec soin (organisation, communication, recherche, mobilisation, négociation, etc.) ;

  • L’importance de la chaleur : pour tenir sur la durée et obtenir des victoires, il est nécessaire de reconnaître et prendre en compte l’humanité de chaque personne, que ce soit au sein du groupe ou face à des adversaires

  • La puissance de l’imagination : les meilleures campagnes sont celles qui ont su trouver le bon « angle », et inventer l’action collective la plus originale. Car c’est en surprenant nos adversaires que nous avons le plus de chances de les interpeller.

Au regard de ces différents ingrédients, le community organizing se distingue surtout des autres pratiques militantes par une attention portée à trois éléments indispensables :

  • Construire du pouvoir
  • Structurer son groupe
  • Perfectionner sa stratégie

Bien sûr, ces trois éléments n’ont, en eux-mêmes, rien d’original, et on peut les retrouver, sous une forme ou sous une autre, dans de nombreuses autres pratiques militantes.

Mais ce qui justifie l’originalité de l’organizing, c’est le fait que ces trois éléments sont systématiquement envisagés ensemble, et qu’ils sont toujours abordés avec une méthodologie rigoureuse. Rien n’est jamais laissé au hasard, et il n’est pas rare qu’une campagne se prépare ainsi sur plusieurs mois, voire plusieurs années.

C’est pourquoi nous avons choisi de formuler 4 principes fondamentaux qui, pour nous, délimitent la pratique de l’organisation collective :

  • « Ne jamais faire pour autrui ce qu’autrui peut faire par lui/elle-même » : l’auto-organisation des premièr·es concerné·es est l’élément central de l’organisation collective. (Ce qui distingue cette pratique des actions caritatives).
  • « Sans pouvoir, point de justice. » : le travail d’organisation vise à construire un pouvoir collectif suffisant afin d’exercer un rapport de force et de faire valoir ses droits. (On va donc au-delà des actions de plaidoyer et de sensibilisation).
  • « S’organiser, c’est se structurer » : construire du pouvoir signifie structurer un groupe militant de plus en plus grand autour de liens de solidarités forts. (Cette pratique se distingue donc des tactiques d’action directe, qui privilégient plutôt les petits groupes agiles).
  • « L’humain d’abord, le programme ensuite » : la solidarité naît du dialogue et de la confiance construite sur le temps long. En ce sens, s’organiser c’est avant tout prendre soin de sa relation avec l’autre. (Ce qui s’écarte des tactiques de mobilisation reposant uniquement sur des appels à manifester).

L’éducation populaire est selon nous une forme d’éducation horizontale, qui vise à l’émancipation intellectuelle des personnes dans un espace et une temporalité qui leurs appartiennent.

En d’autres termes, l’éducation populaire consiste à créer des moments ou des lieux d’apprentissage en dehors des grandes institutions éducatives (telle que l’école ou l’université), avec une visée de conscientisation politique.