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Éric Daniel-Lacombe, urbaniste : « On n’arrête pas une inondation, on s’y adapte »

mediapart.fr · 2 min

Ma première réponse, c’est qu’on n’arrête pas une inondation, on s’y adapte. Et il faut le faire pour le court et le long terme. L’important est de ne pas reconstruire à l’identique, comme je le vois encore trop souvent, parce que les inondations vont revenir et provoquer les mêmes ravages, et avec des assurances qui ne voudront plus assurer…

Bien sûr que c’est difficile de vivre dans une maison lorsqu’elle est inondée, mais ce n’est pas tragique quand on y est préparé. Il y a des adaptations assez simples qui pallient les plus graves désagréments à la prochaine crue. Par exemple, le frigo et la chaudière doivent être mis à l’étage. Se nourrir, se chauffer, c’est vital. Quand l’eau arrive, on s’est aperçu que c’était très utile de mettre des filtres – des grillages fins –, cela évite de faire rentrer les rats, les ordures, les matières fécales. Quand il faut nettoyer derrière, vous êtes quand même mieux. Installer les WC à l’étage permet de prévenir de gros désagréments. C’est le court terme.

Tout le monde nous dit qu’il faudrait que la maison soit imperméable. Et tout ce que j’ai appris en vingt ans, c’est que c’est l’inverse. Pour qu’une maison réagisse mieux après l’inondation, elle doit être perméable parce que c’est comme ça que vous allez la laver et c’est ainsi qu’elle va sécher.

Une maison ne peut jamais être « étanche » : l’eau arrive par les nappes phréatiques, par les réseaux. Plutôt que du béton étanche, mieux vaut une chaux qui respire. J’entends parfois dire qu’il faut chauffer après pour que la maison sèche : pas du tout. Chauffer, ça pousse l’humidité dans les murs. Au bout d’un mois, vous avez toujours votre maison pourrie. Il faut au contraire ouvrir les fenêtres et tout aérer.