En 2024, une enquête internationale a estimé que 5,04 milliards d’individus étaient actifs sur les médias
sociaux, passant en moyenne 2 heures et 23 minutes par jour sur ces plateformes (We Are Social, 2024
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Added by Maïtané
Ce niveau élevé de consommation semble indiquer que les médias sociaux offrent des contenus associés à une satisfaction élevée.
Par ailleurs, les utilisateurs ne sont pas disposés à arrêter cet usage numérique. Plusieurs études suggèrent en effet
qu’ils exigent en moyenne une compensation monétaire conséquente pour désactiver leur compte personnel pendant
quelques semaines (Allcott et al., 2020; Bursztyn et al., 2023). Cette utilisation intensive des médias sociaux soulève
des questions, voire des controverses, notamment en raison d’effets négatifs sur le bien-être subjectif (Allcott et al.,
2020) et la santé mentale (Braghieri et al., 2022).
Note : Je ne suis pas sure du lien qui est fait entre "passer du temps" et "satisfaction élevée"
Dans une étude récente, Allcott et al. (2022) montrent que la formation d’habitudes et les problèmes
de maı̂trise de soi – deux facteurs clés associés aux biens addictifs traditionnels (cigarettes, alcool, etc.) – jouent un
rôle important dans la consommation des médias sociaux. Par ailleurs, Erhel et al. (2024) mettent en évidence le lien
entre la dépendance numérique et les traits idiosyncratiques des utilisateurs, en particulier des facteurs psychologiques
comme l’anxiété ou le Fear Of Missing Out (FOMO). Au delà des caractéristiques individuelles, on peut s’interroger
sur le rôle des stratégies mises en œuvre par les plateformes numériques pour capter l’attention des utilisateurs et la
façon dont ses stratégies de captation induisent de la dépendance numérique. Le potentiel lien entre stratégies des
plateformes de médias sociaux et dépendance de leurs utilisateurs n’a, à ce jour, jamais été étudié dans la littérature
académique.
— DP-émotions : Les contenus affichés sur les espaces numériques personnalisés des utlisateurs des médias sociaux
sont choisis de manière à agir comme des stimuli émotionnels ayant pour ambition de développer leur engage-
ment (Cloarec, 2020) : temps de présence sur la plateforme, commentaire, like, etc. Ainsi, la tromperie (Mathur
et al., 2021), l’attaque (Conti and Sobiesk, 2010), la séduction (Maier and Harr, 2020), la reconnaissance par
les pairs (Zagal et al., 2013), et la manipulation émotionnelle et sensorielle en général (Gray et al., 2018) sont
les stratégies les plus fréquemment déployées. Brignull et al. (2023) présentent le confirmshaming et Gray et al.
(2018) introduisent la manipulation par les émotions comme des mécanismes de dark pattern spécifiques par
lesquels les utilisateurs peuvent être manipulés émotionnellement afin de réaliser une action qu’ils n’auraient
pas faite autrement.
— DP-notifications : Il s’agit d’envoyer des notifications aux utilisateurs de manière intensive et aléatoire. Ces
notifications incitent les utilisateurs à rester engagés avec le média social et à y revenir lorsqu’ils ont d’autres
activités. L’envoi de notifications est une stratégie bien connue de pêche à l’interrupteur que l’on retrouve
souvent en analysant les dark patterns (Brignull et al. (2023), Greenberg et al. (2014)) : il vise à atteindre les
utilisateurs en dehors du média social pour qu’ils reviennent sur la plateforme. Zagal et al. (2013) décrivent
l’usurpation d’identité comme une stratégie de dark pattern visant à notifier les utilisateurs sur des événements
liés aux activités de leurs contacts, qui pourraient n’avoir jamais eu lieu. Le harcèlement est également un
exemple célèbre de dark pattern qui vise à capter l’attention de l’utilisateur en l’interrompant constamment
pour lui demander d’accomplir une tâche sans rapport (Brignull et al. (2023), Gray et al. (2018)).
Les résultats montrent une corrélation négative et significative entre l’âge et l’addiction numérique : les utilisateurs
de médias sociaux plus âgés tendent à présenter des scores d’addiction plus faibles. Le sexe semble aussi influencer ce
score, avec des hommes affichant une addiction légèrement plus marquée, bien que cet effet soit faible. Par ailleurs,
un diplôme plus élevé est associé à une addiction numérique accrue