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dacgi.r.sp1-brevo.net · 23 min

un candidat d'une cinquantaine d'années, excédé qui finit par changer sa date de naissance et se voit magiquement accepté aux candidatures où il était refusé ! Le testing systémique des outils d'embauche automatisés est encore trop rare et trop souvent individuel… Mais il montre bien souvent combien ces systèmes sont défaillants, à l'image de celui initié récemment par Bloomberg : les journalistes ont demandé à ChatGPT de classer des CV dont le seul élément modifié était le prénom et le nom des candidats. Sans surprise, les CV avec des noms à consonance afro-américaine étaient à chaque fois les plus mal classés !

En 2018, une enquête de Reuters avait montré que le système de recrutement d'Amazon était fortement biaisé au détriment des femmes : ses données d'entraînement (les CV des gens déjà recrutés par Amazon) comportaient trop peu de femmes et les écartait par défaut. Malgré les tentatives de l'équipe d'Amazon pour réparer le système d'embauche, l'équipe a fini par abandonner le projet, faute d'y parvenir. C'est dire que réparer les défaillances et les biais n'est pas si simple.

L'idée consiste le plus souvent à scanner le profil des candidats pour savoir qui ils sont vraiment, afin de prédire leurs comportements. Le secteur est en plein boom. Il représente quelque 2 milliards de dollars en 2023. Il n'est pourtant rien d'autre que de "l'astrologie de bureau" qui ne produit rien d'autre que de notre propre hallucination.

Pour compléter ces analyses pseudo-psychologiques, de nombreux outils comme Fama, Foley, Ferretly ou Intelligo … aspirent les contenus des médias sociaux (sans demander leur consentement aux candidats) et appliquent sur ces contenus des analyses émotionnelles souvent simplistes, consistant à caractériser positivement ou négativement les mots utilisés, les likes déposés… sans parvenir à distinguer le sarcasme ou l'ironie, comme l'a vécu une employée en recevant 300 pages d'analyse automatisé de son profil par Fama - une pratique qui, en France, rappelle un arrêt de la Cour de cassation, devrait être très encadrée, notamment parce que cette collecte d'informations tiers peut-être déloyale par rapport à l'objet de leur mise en ligne.

Jusqu'à présent le monde du recrutement est façonné par une logique qui bénéficie totalement aux recruteurs. Ce n'est pas pour rien qu'on parle d'ailleurs de logiciels de recrutements. Alors peut-être que la solution consiste à passer aux logiciels de candidatures ! Et cette perspective, avec l'arrivée de l'IA générative et des agents intelligents est peut-être plus proche de se réaliser que jamais. Alors que les recruteurs disposent de tout pouvoir, il est possible que les candidats puissent en reconquérir. Comment ?

C'est la piste qu'explore le développeur Hussein Jundi sur Towards Data Science, en imaginant un robot logiciel capable de chercher des postes à sa place – ce qui ne serait déjà pas une mauvaise option tant la recherche sur les sites d'emploi est restée fruste et défaillante (oui, vous aussi, vous recevez des propositions de stages à Paris alors que vous avez une alerte pour des CDI à Nantes !). Mais on pourrait aller plus loin et imaginer un robot capable de candidater à notre place, d'adapter les termes de son CV aux mots clefs des annonces, de démultiplier de façon autonome ses candidatures en produisant des micro-variations sur les termes des compétences recherchées… Hussein Jundi nous suggère finalement une piste très stimulante pour finir de casser un recrutement déficient : doter les utilisateurs de robots capables d'adapter leurs candidatures aux systèmes de tris automatisés que les entreprises utilisent. Il ne propose rien d'autre que d'exploiter et d'amplifier les faiblesses du recrutement automatisé… pour le faire imploser

"Plus l'implication du numérique dans les problèmes de santé des jeunes est soulignée, plus l'influence des facteurs psychosociaux tels que les traumatismes, les maltraitances ou les expériences adverses sont mésestimées". Yann Leroux citant Craig Sewall et Douglas Parry.