Skip to main content
Les Français se pensent-ils sobres ? - ADEME Infos

infos.ademe.fr · 6 min

Pour les Français, « sobriété » rime d’abord avec « simplicité »

D’abord, la notion de sobriété est davantage perçue positivement que négativement : 41 % des Français en ont une image positive et seulement 15 % « négative ». Dans le trio de tête des notions associées, on retrouve l’idée de « simplicité », d’« économies » et d’ « énergie ». Arrivent ensuite les notions de « nécessaire », de « besoin », de « réduction ». L’environnement n’est cité qu’en 8e position des termes associés et l’« écologie » qu’en 16e position… La sobriété est manifestement saisie dans une acception large par les Français qui dépasse le strict champ militant.

Leurs efforts ont souvent une origine économique

Nous avons tous de bonnes raisons d’être plus sobres, mais le facteur économique reste la motivation numéro un. « Les pratiques sont très déterminées par le contexte sociotechnique et économique » explique Anaïs Rocci, Sociologue à la Direction Exécutive Prospective et Recherche de l’ADEME. 84 % des personnes interrogées déclarent s’habiller plus chaudement avant d’augmenter le chauffage, afin de baisser la facture énergétique. 14 % déclarent ne pas posséder de véhicule automobile et la raison première est financière. La moitié des Français ont aujourd’hui recours au marché de seconde main, dont 76 % d’entre eux pour des raisons économiques et…51 % pour pouvoir consommer plus (!).

Les Français considèrent avoir un mode de vie sobre

La deuxième partie du questionnaire portant sur les représentations révèle un décalage entre la perception de ses propres pratiques et le regard porté sur celles des autres. A la question « diriez-vous que les gens consomment trop en France ? », 83 % ont répondu « oui ». Mais interrogés ensuite sur leur propre situation, seulement 28 % ont le sentiment de « consommer trop » et 73 % ne considèrent pas consommer plus que la moyenne des Français. Par ailleurs, 82 % pensent avoir un mode de vie déjà sobre. Les Français ne se sentent pas directement concernés par les pratiques excessives qu’ils perçoivent dans le reste de la population. Seulement 3 % des usagers du transport aérien ont le sentiment d’avoir un usage excessif de l’avion. Même constat pour l’achat de vêtements, puisque seuls 14 % des Français estiment leur consommation excessive par rapport à leurs besoins. Sur le front de l’alimentation carnée, à peine un Français sur cinq qui mange de la viande tous les jours « considère en manger trop ». Quant aux smartphones, seulement 22 % des personnes qui le renouvellent tous les 2 ans ou plus « ont le sentiment de le faire trop souvent » indique le baromètre. Conclusion : les Français ne se reconnaissent pas dans la figure du sur-consommateur. Ils ne remettent pas en cause leurs propres pratiques et sous estiment probablement un peu leur impact à l’échelle individuelle.

Quand les aspirations collectives se heurtent à des résistances

Si les Français aspirent à un changement de modèle, une réticence s’observe toutefois vis-à-vis d’un certain nombre de pratiques : l’usage de la voiture, la consommation de viande et le recours au transport aérien. Les foyers disposant d’au moins deux véhicules ne sont que 46 % à envisager de n’en avoir qu’un. Quant à la proposition de n’avoir aucun véhicule, elle est rejetée par 89 % des personnes interrogées. Cela peut s’expliquer car l’usage de la voiture est fortement conditionné par les infrastructures et alternatives disponibles. Mais concernant la consommation de viande, 61 % des personnes qui en mangent plusieurs fois par semaine refusent catégoriquement de diminuer leur consommation à deux fois par semaine. Et ne plus en manger du tout est exclu pour 78 %. Parmi les Français qui prennent l’avion (moins de 20 %), 51 % accepteraient d’en limiter l’usage à une fois par an et moins d’une sur trois (31 %) pourraient envisager de complètement l’abandonner. Or, ces trois postes (voiture, viande, avion) figurent parmi les « poids lourds » de la balance environnementale des particuliers…

Le sentiment de « faire sa part » est bien présent

« Les injonctions aux petits gestes se multiplient alors que les Français ont le sentiment de faire leur part » explique Anaïs Rocci. Quand 77 % des Français estiment que les citoyens agissent pour limiter leurs impacts, moins d’un Français sur deux (49 %) juge que l’État agit effectivement. 44 % pensent que les grandes entreprises n’agissent pas du tout pour limiter l’impact de leurs activités, c’est même 49 % pour les banques et 50 % pour les industriels. Beaucoup ont l’impression de faire déjà des efforts pour l’environnement par rapport aux moyens à leur disposition. D’ailleurs, la principale raison citée qui explique le choix d’appliquer telle ou telle pratique peu vertueuse est bien souvent le manque d’alternatives. Ainsi, 65 % des propriétaires de voiture expliquent utiliser leur voiture pour leurs déplacements quotidien parce qu’ils « n’ont pas d’autres choix pour se déplacer » et 71 % parce que « c’est le mode le plus rapide, pratique ». 57 % des Français n’ont pas recours à la réparation parce que cela coûte plus cher que de racheter le produit neuf. « C’est toute l’organisation de la société qui doit évoluer, les Français attendent des mesures plus fortes de la part des entreprises et des pouvoirs publics pour faciliter la mise en place de pratiques plus sobres » indique la sociologue. D’autant que les Français se montrent, dans la majorité des cas, enclins à l’idée de renforcer collectivement les efforts en matière de sobriété.

Ce qu’attendent réellement les Français…

C’est un engagement collectif ! 74 % des Français pensent que le gouvernement devrait privilégier la protection de l’environnement à la croissance économique ! Le verdict de cette première édition du baromètre rappelle donc « l’importance majeure d’une planification écologique claire, crédible, juste et suivie des faits pour engager l’ensemble des citoyens ».