cette perspective du care a affirmé l’importance morale et politique du souci d’autrui dans la préservation d’un monde commun.
journals.openedition.org · 71 min
Added by Maïtané
Les éthiques du care s’opposent aux éthiques libérales dominantes centrées autour d’un modèle normatif de justice dont les valeurs universelles s’appliquent à un sujet à la fois abstrait et arbitrairement supposé autonome, soit sans inscriptions sociales. Les éthiques du care sont contextualistes, ce qui signifie qu’elles font surgir les problèmes moraux de la matérialité de situations spécifiques et complexes. De plus, elles n’effacent pas, mais, bien au contraire, valorisent les liens d’interdépendance entre des personnes perçues comme ontologiquement vulnérables.
On demande à Jake et Amy, deux enfants de sexe différent, du même âge (11 ans) et doués de capacités cognitives équivalentes, de résoudre un dilemme classique en psychologie morale. Très malade, la femme de Heinz risque de mourir si l’on ne lui administre pas des médicaments que Heinz est trop pauvre pour acheter. Ce dernier doit-il voler les médicaments à la pharmacie afin de sauver sa femme ? Jake affirme que Heinz doit voler le médicament et que, s’il est jugé, le jury comprendra son action et l’acquittera. Plus hésitante, Amy juge prioritaire d’éviter que Heinz aille en prison, car alors il ne pourra plus prendre soin de sa femme malade. Dès lors, selon elle, la meilleure solution morale consiste à ce que Heinz tente de convaincre le pharmacien de lui donner le médicament. Jake analyse le dilemme comme un conflit de hiérarchie entre des droits subjectifs : il est juste de faire primer le droit de vivre sur le droit de propriété. Amy refuse de le résoudre d’une manière purement logique et le retraduit dans les termes d’un récit singulier. Selon elle, tous les acteurs du drame doivent, par le dialogue, trouver la solution la plus satisfaisante. Son raisonnement moral s’enracine dans une vision du monde « constitué de relations humaines qui se tissent et dont la trame forme un tout cohérent, et non pas d’individus isolés et indépendants dont les relations sont régies par un système de règles »