Skip to main content
Nos droits en manifestation - LDH

ldh-france.org · 4 min

**En garde à vue** **Définition**

La garde à vue (GAV) est
une mesure de contrainte,
décidée par un officier de
police judiciaire (OPJ),
permettant de maintenir à la
disposition des enquêteurs
une personne à l’encontre de
laquelle il existe une raison
plausible de soupçonner
qu’elle a commis ou tenté
de commettre un crime ou
un délit puni d’une peine
d’emprisonnement (62-2 du
Code de procédure pénale, CPP).
Il s’agit d’une mesure de
privation de liberté au
commissariat, avec des
temps d’interrogatoires et
des « périodes de repos »
en cellule.
Il n’est pas possible de s’y
opposer.
A noter que la participation à
une manifestation interdite est
une contravention et ne permet
donc pas le placement en GAV
(Art. R. 644-4 CP)

**Quand commence la garde à vue ?** |

Le point de départ
du délai de la GAV est
l’interpellation, c’est-à-dire
le moment où vous êtes
appréhendé par les forces
de police (regardez l’heure).
• La notification du placement
en GAV doit se faire
immédiatement après votre
présentation à l’officier de
police judiciaire (OPJ) si
celui-ci ne vous autorise pas
à quitter le commissariat
(63-1 du CPP). La durée
entre l’interpellation et la
conduite au commissariat
doit être aussi brève que
possible (et ne doit pas
dépasser environ 30 mn à
compter de l’interpellation,
pour être régulière). Aussi,
rappelez-vous de l’heure
d’interpellation et de notification de GAV !

**Combien de temps peut durer la garde à vue ?** |

La durée de la GAV est de 24h (…)
Vérifiez l’heure de début de GAV
sur le procès-verbal avant de
signer : si elle ne correspond
pas à la réalité, précisez-le,
refusez de signer et prévenez
votre avocat, il pourra s’en servir
devant le juge.

**Faire valoir ses droits en garde à vue**

Dès le placement, un OPJ doit
immédiatement vous informer,
dans une langue que vous
comprenez, que vous bénéficiez
(63-1s du CPP) :

  • Du droit d’être assisté par
    un avocat, dès le début
    de la GAV.
    Faites immédiatement la
    demande. Si vous n’êtes pas
    en mesure d’en désigner un ou
    qu’il/ils ne sont pas disponibles,
    précisez que vous en acceptez
    un commis d’office
    (…)
    L’entretien se déroule dans des
    conditions qui garantissent sa
    confidentialité et dure 30 mn (s’il
    y a prolongation, vous pouvez
    demander un second entretien).
    C’est très court ! Essayez de vous
    souvenir de l’ensemble des faits
    pour les présenter rapidement
    à votre avocat qui vous aidera à
    préparer l’interrogatoire.

En principe, la 1ère audition,
sauf si elle porte uniquement sur
les éléments d’identité, ne peut
débuter sans la présence d’un
avocat avant un délai de 2h.
A titre exceptionnel, sur autorisation
motivée du procureur, l’audition
peut débuter sans attendre/avec
un report de présence de l’avocat,
pour une durée max. de 12h (voire
24h sur autorisation du JLD art.
63-4-2 CPP)

  • Du droit de faire prévenir un
    proche (voir liste art. 63-2 I CPP) et
    votre employeur et, si vous
    êtes de nationalité étrangère,
    les autorités consulaires (sauf
    décision contraire du procureur).
    (
    L’OPJ a 3h pour téléphoner à vos
    proches/au médecin à compter de votre
    demande (pas toujours respectés).)

  • Du droit d’être examiné
    par un médecin.
    Demandez-le. Si prolongation,
    vous pouvez demander à être
    examiné une 2nde fois.

  • Du droit de consulter les PV
    de notification de GAV et de
    votre audition éventuelle avant
    l’arrivée de votre avocat et le
    certificat médical, dans les
    meilleurs délais et au plus tard
    avant éventuelle prolongation.

  • Du droit de faire des
    déclarations, de répondre
    aux questions qui vous sont
    posées ou surtout de vous
    taire lors des auditions, après
    avoir décliné votre identité.
    Décidez de votre stratégie de
    défense avec votre avocat. Ex.
    préparer avec lui une déclaration
    « spontanée » puis refuser de
    répondre en disant « J’exerce mon
    droit au silence ».

Vous pouvez garder le silence
jusqu’à l’arrivée de votre
avocat (et ne donner que votre
identité). C’est un droit. Vos
propos peuvent être utilisés
contre vous ou d’autres, pas
votre silence.

**Quel accès à mon téléphone ?** |

Concernant le déblocage de
votre téléphone, répondre : « je
ne refuse pas mais j’attends
mon avocat ». Il existe un délit
faisant encourir 3 ans de prison
et 270 000€ d’amende (434-15-2
CP) : voyez avec votre avocat si
ce délit s’applique à votre cas

**à quelles conditions peut-on prélever mes empreintes ?** |
  • Empreintes digitales
    Pour alimenter ces fichiers,
    l’OPJ peut procéder aux
    opérations de relevés
    signalétiques (prise
    d’empreintes digitales,
    palmaires ou photo) sur toute
    personne, s’il y a une raison
    plausible de soupçonner
    qu’elle a commis/tenté de
    commettre une infraction.
  • Empreintes génétiques
    Ces prélèvements ne sont
    possibles que pour certaines
    infractions, notamment les
    violences volontaires, dont
    participation volontaire à un
    groupement violent (art. 222-14-
    2 CP). Ils ne peuvent pas être
    effectués pour participation
    à une manifestation non-
    déclarée (≠ infraction) ou
    interdite (contravention), délit de
    participation à un attroupement
    après sommations ou délit de
    rébellion et d’outrage. Pour s’y
    opposer : voir votre avocat.
    En refusant sans motif légitime,
    vous encourez 1 an de prison et
    15 000 € d’amende (55-1 et 706-
    56 du CPP).
**Conseils pratiques liés à la garde à vue**

Constituer un dossier
présentant des « garanties
de représentations ». Si
vous demandez un délai
pour vous défendre (CI), ce
dossier pourra compter dans
la décision du juge dans
l’éventualité d’un placement
en détention provisoire.
Documents utiles : bulletins de
paie/avis d’imposition, bail/titre
de propriété, facture d’électricité,
certificat scolaire/attestation de
formation, situation familiale, etc.

  • Prévenir une personne de
    votre entourage et lui donner
    accès à votre dossier, affaires
    de première nécessité en cas
    de détention provisoire, etc.
  • Avoir sur soi le contact
    d’un avocat (le nom suffit,
    mais connaître si possible
    son n° de téléphone et son
    barreau). Précisez qu’en
    cas d’indisponibilité de votre
    avocat vous en acceptez un
    commis d’office.
  • Faire usage de votre droit
    à garder le silence jusqu’à
    l’arrivée de votre avocat : « je
    n’ai rien à déclarer, sauf mon
    identité ».
  • Avant signature du procès-
    verbal, bien relire chaque
    feuille ; refuser de signer sans
    cette lecture attentive ou si vous
    constatez une différence avec
    vos propos ; vérifier l’heure de
    début de GAV et de notification;
    ne pas laisser de blanc entre
    les écritures et votre signature.

« Nul ne peut être arbitrairement détenu »
— Article 66 de la Constitution française du 4 octobre 1958

En manifestation Peut-on se munir

de protections contre
les gaz lacrymogènes ?

Les protections (lunettes,
écharpes...) ne sont pas
interdites tant qu’elles
ne dissimulent pas votre
visage

Au sein ou aux abords
immédiats d’une
manifestation sur la voie
publique, le fait de dissimuler
volontairement son visage
afin de ne pas être identifié
dans des circonstances
faisant craindre des atteintes
à l’ordre public fait encourir
un an d’emprisonnement et
15 000 € d’amende.

A elle seule, cette infraction
suffit aux forces de l’ordre
pour vous interpeller puis vous
placer en GAV

Ai-je le droit de

participer à une
manifestation non
déclarée ou interdite ?

Toute manifestation sur la
voie publique est soumise
à une obligation de
déclaration préalable au
moins 3 jours francs et au
maximum 15 jours avant
la manifestation. (L.211-1 et
L.211-2 Code de la sécurité
intérieure)
Mais, tant que la force
publique n’enjoint pas
à la dispersion, le fait de
participer à une manifestation
non déclarée n’est pas
une infraction. Si elle est
interdite, ce n’est pas un délit
mais une contravention de la
4e classe (pas d’arrestation
possible)

Filmer les forces de l'ordre, est-ce interdit ?

Il est autorisé de
documenter, photographier
et filmer les forces de
l’ordre qui opèrent dans
l’espace public, notamment
lorsqu’elles font usage
de la force.

(…) Les forces de l’ordre
n’ont pas le droit de vous
interdire de les filmer dans
l’exercice de leur mission,
a fortiori de vous interpeller
sur ce motif, ni de confisquer,
détruire du matériel ou de
vous demander d’en effacer
du contenu, sous peine de
sanctions disciplinaires
et pénales.

Pourquoi filmer ? |

Filmer vos interactions
avec les forces de l’ordre
et enregistrer des
témoignages pourront
appuyer vos démarches :

  • attester des conditions
    de votre interpellation,
    de la confiscation ou
    destruction de biens, etc.
  • démontrer l’absence
    d’outrage ou de rébellion
  • prouver des violences
    policières
  • apporter un témoignage
  • alerter la société civile
Contrôles et fouilles en manifestation Restrictions de circulation
  • Conditionner la sortie d’une
    manifestation au retrait définitif
    de tout signe exprimant une
    adhésion associative, syndicale
    ou politique (autocollants, gilets
    jaunes...) est illégal.
  • Conditionner l’accès à
    une manifestation à la
    confiscation des objets de
    protection (masque, sérum
    phy...) est illégal (leur détention
    peut être cependant interdite par arrêté
    préf., à attaquer au TA). Noter le
    RIO (matricule) de l’agent et
    demander un récépissé.
Conseils pratiques lors des contrôles
  • Avoir une pièce d’identité sur
    soi permet (en théorie) d’éviter
    une rétention par la police.
  • Rester calme, même si
    vous avez l’impression que
    l’agent outrepasse le cadre
    d’une opération ou si vous
    subissez provocations et
    intimidations. Protester,
    résister physiquement :
    vous risquez de possibles
    accusations d’outrage (paroles
    offensantes contre un policier
    ou gendarme) ou rébellion
    (gestes de résistance contre
    les forces de l’ordre).
  • Filmer ou faire filmer tout acte
    des forces de l’ordre, avoir des
    témoins, prendre leur contact et
    documenter la scène (lieu, type
    d’agent, s’il est accompagné,
    RIO, etc.) : cela pourrait servir
    votre défense.
    Si le contrôle est discriminatoire,
    un recours pour faute lourde
    contre l’Etat est possible (cf
    Civ. 1ère 9 nov. 2016, n°
    15-24.212, au Bull. « tel est le
    cas, notamment, d’un contrôle
    d’identité réalisé selon des
    critères tirés de caractéristiques
    physiques associées à une
    origine, réelle ou supposée,
    sans aucune justification
    objective préalable »).
  • Demander dans quel cadre
    vous êtes contrôlé et fouillé
    pour connaître vos droits liés
    à la situation (le policier n’est
    pas tenu de vous répondre).
  • En dehors de votre identité,
    gardez le silence ! C’est un
    droit, n’oubliez pas que vos
    propos peuvent être utilisés
    contre vous ou contre
    d’autres manifestants.