Le sujet inédit, en revanche, c'est la bouillasse informationnelle dans laquelle nous nous engluons. Nous scrollons sans repères dans des boucles que nous ne contrôlons pas et des publications qui se ressemblent toutes. Ce système fonctionne à peu près quand il s'agit de contenus positifs et amusants (quoique cela pose d'autres types de questions éthiques). Mais que se passe-t-il quand nous devons parler de choses graves, de choses nuancées, de choses réelles, de choses horribles, de choses violentes, de choses qui méritent qu'on sorte du cadre et qu'on prenne le temps de réfléchir à ce qu'on vient de regarder ? Quel est notre rôle et notre pouvoir (si on en a encore) en tant que spectateurs, spectatrice, acteur et actrice de ce système ? Swipe, regarde cette fille te parler de son traumatisme personnel, swipe, voici une personne qui te résume en une minute une actualité complexe qui en mériterait au moins vingt, swipe, écoute Adele chanter sur des images d'archive de l'Holocauste, swipe, une vidéo de violence policière, swipe, cet escargot est tellement célèbre qu'il est sponsorisé par Burberry, swipe encore, encore, encore. Le web n'est pas devenu fou. Il a perdu son contexte.