Annie Thébaud-Mony cite un exemple éloquent : celui d’une femme secrétaire dans une usine fabriquant des joints en amiante.“Elle était chargée d’ouvrir des centaines de cartons de joints pour confectionner des petits sachets qui étaient ensuite utilisés par les commerciaux. Sur son bureau, elle avait même un joint en amiante comme pot à crayons. On n’a jamais pu obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle de son mésothéliome [cancer de la plèvre, clairement lié à l’exposition à l’amiante, ndlr]. La liste des travaux du tableau officiel ne comprenait pas les activités de secrétariat.” Même chose du côté du travail agricole, où l’exposition aux pesticides des conducteurs d’engins est plus facile à faire reconnaître que celle des femmes qui s’occupent du conditionnement des fruits et légumes.