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Quelques mots sur l’Éducation aux Médias et à l’Information

zet-ethique.fr · 28 min

L’opposition entre réseaux sociaux et médias traditionnels, tout d’abord, est caricaturale. Non que l’on ne trouve jamais de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux et plus largement sur les grandes plate-formes en ligne (l’expression nous permettant d’inclure Youtube, par exemple à notre raisonnement), mais, tout simplement, ces médias ne sont pas immunisés aux faussetés. En effet, ils peuvent également favoriser leur épanchement : il arrive même qu’un journal autrefois respecté dans son domaine relaie des infox, à la suite d’un changement de propriétaire ou de formule, (c’est le cas, par exemple, de France soir 2), ou par la tribune qu’ils accordent à un.e éditorialiste qui en est friand (il serait bon de ne pas oublier le rôle du vénérable Figaro dans la construction de la respectabilité d’Éric Zemmour, polémiste d’extrême droite multi-condamné pour ses propos haineux).

Est-ce à dire que les « plateformes » ne jouent aucun rôle dans la diffusion des fausses informations ? Bien sûr que non : la diffusion est même leur principale activité. De fait, les grands journaux, télévisés ou non, y ont également pignon sur rue. Et, même si l’on doit reconnaître que, dans le cas de Facebook, par exemple 4, les algorithmes de recommandation semblent favoriser certains types de contenus (les plus polémiques plutôt que les plus susceptibles d’être vrai), cela ne veut pas dire qu’ils ne sortent pas de rédactions très respectables : votre tonton adepte de la théorie raciste du Grand Remplacement, même s’il a beaucoup d’abonnés, atteindra moins de gens sur Facebook que le compte officiel de France Culture postant un extrait vidéo de Finkelkraut défendant Renaud Camus 5.

Puisque l’on parle de théories du complot, venons-en à la deuxième opposition frontale donnée par la tribune : celle de la croyance contre la science et la rationalité. Nous n’allons pas revenir de nouveau trop longuement sur ce qu’elle a d’artificiel et de limité : d’autres articles sur ce même site le font déjà de manière bien assez détaillée 6. Nous rappellerons simplement que dans la mesure où nos concitoyens.ennes ne sont pas tous.tes épidémiologistes, loin de là, la conduite la plus « rationnelle » de leur part consistera à « croire » la source qui leur paraît la plus fiable. Ces sources dépassent largement le strict cadre des médias, même définis de manière large en prenant en compte les œuvres culturelles de fiction, la musique ou la publicité. En ce qui concerne la médecine, on en verra qui feront confiance à leur cousin en première année de PACES parce que c’est ce qui s’apparente le plus à un médecin dans leur entourage immédiat ; d’autres (surtout si nous parlons de jeunes) qui l’accorderont à un parent ou à un autre membre de leur famille.