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Je suis influenceuse et je pense que les réseaux sociaux sont nocifs

slate.fr · 17 min

La lanceuse d'alerte Frances Haugen a témoigné devant une commission du Sénat en présentant des milliers de pages de documents confidentiels qui laissent penser que Facebook est parfaitement conscient que ses plateformes (y compris Instagram) nuisent aux enfants et aux adolescents –à des gens comme Jenna. D'après Frances Haugen, Facebook ignorerait volontairement cette information parce que, au bout du compte, l'entreprise en tirerait profit.

L'une des études internes divulguées par Frances Haugen portait spécifiquement sur les adolescentes. Elle laissait entendre que celles-ci ont davantage de pensées suicidaires après avoir utilisé Instagram. D'autres études portaient sur l'effet néfaste d'Instagram sur les troubles alimentaires et les problèmes d'image corporelle. 17% des adolescentes ont déclaré que leurs troubles alimentaires s'étaient aggravés après l'utilisation du réseau social et 32% ont indiqué que l'application les faisait se sentir plus mal dans leur corps. Une fois encore, je pense «libre arbitre, responsabilité, autonomie, liberté». Je pense aussi à Jenna. Est-ce qu'elle se sentait libre?

Lorsque j'ai regardé l'Instagram de Jenna, il était impossible de ne pas remarquer à quel point elle exposait sa taille fine, sa poitrine avantageuse et ses longues jambes. Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que j'ai exposé mon corps de la même manière sur internet. Ce geste d'assurance apparente n'est jamais sans coût émotionnel. Avant de poster, je scrute et suranalyse chaque centimètre carré de mon corps. Je deviens pétrie d'insécurité et me plonge dans des états de dégoût de moi-même.

Ce qui est clair, c'est que cette désinformation est préjudiciable aux utilisateurs, notamment aux plus vulnérables d'entre eux: les enfants et adolescents. La question qui se pose est donc la suivante: que pourraient faire les plateformes pour protéger les utilisateurs? Et ont-elles même la responsabilité de nous protéger?

Malheureusement, il semble que le fait d'avoir cette responsabilité entre en conflit direct avec ce qui assure la rentabilité et la croissance de ces entreprises. Il n'est pas dans l'intérêt des réseaux sociaux de censurer ou de n'autoriser que les contenus vrais à 100%, parce que ce sont des réseaux dont l'objectif premier est de divertir. Le divertissement retient les utilisateurs, augmente leur temps de visionnage, génère des revenus. La vérité n'est pas aussi puissante.