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tilde.team · 8 min

La seconde singularité de Twitter est une contrainte sur le nombre de caractères d’un tweet : d’abord de 140 caractères, puis de 280 caractères. C’est trop court pour expliciter le contexte, qui échappera, avec les nuances qu’il implique, à un·e lecteuxice n’étant pas déjà au fait.

Par exemple, un·e militant·e politique ne nuançant pas son propos (la nuance étant implicite), il est impossible pour un·e profane de savoir ce que cet·te militant·e veut vraiment dire. Mais en ne lisant que quelques tweets, c’est justement cette connaissance superficielle et essentialisante qui est transmise. Se former correctement sur Twitter implique donc d’y passer un temps considérablement plus important qu’en lisant des textes tels que cet article de blog, afin que la nuance ressorte de centaines de tweets triés parmi des centaines de milliers d’autres.

De même, si Twitter est un média pathologique, ce n’est pas (principalement) dans une tentative d’acculturation ou de basculement, bien réelle, des mentalités vers l’extrême-droite (l’antisémitisme, l’islamophobie, le racisme…), même si son PDG, comme celui de Facebook, semble soutenir l’extrême-droite, et même si des infrastructures économiques peuvent en servir de plateforme. Car l’extrême-droite signifie une fragilisation de la souveraineté populaire (ou du service public) et, inversement, un renforcement des intérêts privés, de la dérégulation du marché, bref de l’abus public (ou de l’abus du public). Ce sont des intérêts économiques bien réels qui président à son interface, et ils sont faciles à comprendre : maximiser l’audimat en court-circuitant la raison par les émotions. Créer des interfaces qui poussent leurs utilisateuxices à se pousser mutuellement à réagir.